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Le jeu concurrentiel mondial dans les secteurs du ferroviaire et de l’énergie s’intensifie. Déjà en difficulté il y a dix ans à peine, Alstom doit de nouveau affronter une crise qui l’oblige à muter.


Les secteurs porteurs du ferroviaire et de l’énergie ne profitent pas suffisamment à Alstom
Ce Groupe dirigé depuis 2003 par Patrick Kron, nommé au pied levé par la menace de l’allemand Siemens, a redoublé d’efforts pour transformer ses industries. A cette époque, Alstom était officiellement aidé de l’Etat français qui n’entendait pas voir mettre à mort une vitrine technologique du pays (Le Monde, supplément éco, 9 novembre 2013). Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, alors Premier Ministre a aidé à refinancer ce consortium de pointe et le voir se relever.

Ce fut chose faite, en séparant les deux activités en interne. Les parties bien différenciées power et transportation étaient nées. Par ailleurs, un recentrage des activités a conduit à la cession d’actifs pourtant stratégiques, mais qui pouvait générer beaucoup de cash comme la division T&D (Transport et Distribution) d’électricité à Areva et les turbines industrielles à Siemens. Et Patrick Kron a prévu d’ici quelques années de céder à nouveau une partie des bijoux de famille d’Alstom, considéré comme non stratégique, soit une tiers du secteur transport. Cela permettra de pallier les difficultés grandissantes de l’entreprise qui subit une concurrence de plus en plus forte des industriels historiques comme GE (General Electric) et Siemens, mais également de nouveaux venus des pays émergents.

Les causes sont multiples. Les obligations européennes obligent certains clients majeurs comme la SNCF (Société Nationale des Chemins de Fer Français) ou EDF (Electricité de France) à ouvrir le panel de consultation. Le favoritisme national ne rentre ainsi pas dans le choix pour gagner un appel d’offre. La vertu de cette nouvelle donne oblige le géant de l’énergie et du ferroviaire à diversifier son portefeuille client, jusqu’ici très étroit. Pour gagner des marchés, Alstom va devoir également élargir son offre en renforçant notamment l’activité de service, dont la marge peut s’avérer importante.

Par ailleurs, ce qui distingue très fortement Alstom de ses concurrents reste l’avancée technologique. Et pour garder un tour d’avance, il est nécessaire de continuer et même de renforcer l’activité R&D. C’est bien ce que le numéro un de l’entreprise compte faire. M. Kron souhaite également maintenir le niveau d’investissement de son Groupe. Peut-être devra-t-il bénéficier pour cela de l’aide de la nouvelle BPI (Banque Publique d’Investissement), mais contrairement à l’opération de sauvetage de 2003, l’Etat n’a pas marqué ouvertement son soutien.
Pour continuer à gagner en performance, grâce à des équipes très compétentes dans le domaine du lean management, comme celle de Renaud Blech et Frédéric Wiscart dans la partie power, Patrick Kron compte engager une chasse à la baisse des coûts pour atteindre un objectif fixé à 1.5 milliard d’euros. De plus, plus d’un millier de suppressions de postes sont à prévoir en Europe d’ici un triennal.

Ce qui est clair, c’est que le Groupe doit transformer ses habitudes franco-françaises pour laisser place à une entreprise globale lui permettant de conforter une position de leader à l’échelle mondiale. L’important reste bien d’avoir anticipé cette mutation plutôt que de la subir et périr.



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