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​L’Observatoire de la santé visuelle et auditive d’Optic 2000 a publié une étude consacrée aux troubles auditifs des actifs de plus de 50 ans. Résultat : 4 seniors sur 10 se plaignent de gênes pouvant impacter leur vie professionnelle, mais seuls 10% d’entre eux sont porteurs d’une aide auditive. Les efforts de sensibilisation et la prévention sur ce sujet de santé publique doivent donc être poursuivis.


Observatoire Optic 2000 : une nouvelle étude sur les troubles auditifs
Après une première étude dédiée aux adolescents en 2015, l’observatoire d’Optic 2000 se penche aujourd’hui – entre autres – sur le vieillissement auditif de la population active. Un problème qui peut affecter la performance des salariés, mais qui peut également être révélé ou aggravé par les conditions de travail. Un enjeu de santé publique mais aussi d’efficacité des entreprises. A l’heure où chacun est amené à travailler plus longtemps, la prévention doit en effet permettre de « bien vieillir au travail ».
 
En pratique, 30% des actifs de plus de 50 ans se plaignent de troubles de l’audition (presbyacousie, acouphènes, hyperacousie), 41% évoquant au minimum des gênes auditives, comme des bruits dans les oreilles ou des difficultés à comprendre la parole dans le bruit. La moitié des salariés concernés estiment même que leurs problèmes d’audition ont un impact professionnel conséquent. Tels sont les principaux enseignements de la deuxième étude de l’Observatoire de la santé visuelle et auditive d’Optic 2000. Un panorama qui s’appuie sur une enquête de l’institut OpinionWay auprès d’un échantillon de 1 000 actifs de plus de 50 ans (moyenne d’âge : 55,3 ans), interrogés via un questionnaire en ligne, et de 200 médecins du travail, interviewés par téléphone.
 
Un vieillissement naturel qui peut nuire à la communication
 
La baisse de l’acuité auditive peut être associée à une certaine fatigue et à une baisse de la concentration. Mais les seniors touchés par un trouble auditif mettent d’abord en avant les risques d’incompréhension (35%) ou de perte d’informations (25%), une plus grande difficulté à suivre les réunions (23%) et les problèmes de communication avec leurs collègues ou leur hiérarchie (22%). Des inconvénients dus à « la perte des fréquences conversationnelles », comme l’explique le Docteur Bernard Montinet, chirurgien ORL. « En vieillissant, et sous l’effet de traumatismes sonores, l’oreille perd d’abord les fréquences aiguës, puis les fréquences moyennes. La perte des aigus entraîne des confusions entre certaines consonnes. Lorsque les fréquences moyennes sont atteintes, les troubles de la compréhension deviennent importants. »
 
Les médecins du travail confirment les déclarations des salariés et l’impact des problèmes d’audition sur la vie professionnelle. Les gênes auditives contribuent en effet à augmenter le stress selon 80% des médecins et peuvent également engendrer un repli sur soi et une tendance à l’isolement (78%). Avec l’âge, les capacités auditives, comme les capacités visuelles, diminuent naturellement. Les premiers signes de presbyacousie (perte progressive de l’audition, liée à l'âge, bilatérale et symétrique, surtout dans les fréquences élevées) apparaissent ainsi autour 55 ans – alors que la presbytie se manifeste à partir de 45 ans.
 
Le bruit sur le lieu de travail en question
 
D’autres troubles, comme l’hypoacousie (diminution des capacités auditives) ou les acouphènes (sifflement, bourdonnement ou autre bruit « parasite » non lié à la réalité extérieure), ou encore l’hyperacousie (hypersensibilité à certaines fréquences), peuvent être provoqués ou aggravés par des nuisances sonores subies notamment durant la vie professionnelle. Or, contrairement aux yeux que l’on peut fermer, l’oreille ne connaît en effet aucun moment de repos. Elle est particulièrement agressée dans les environnements extérieurs bruyants – comme les chantiers – dont se plaignent 31% des actifs de plus de 50 ans. 23% d’entre eux se déclarent également gênés par les bruits engendrés dans les bureaux par le téléphone, les imprimantes ou le brouhaha d’un open-space. Parmi les améliorations à apporter sur le lieu de travail, deux tiers des seniors souhaitent ainsi limiter le temps passé dans un environnement trop bruyant et à peu près autant plaident pour une meilleure insonorisation des bureaux.
 
L’adaptation des conditions de travail au vieillissement auditif met également sur le devant de la scène le rôle des ergonomes au sein des entreprises, aujourd’hui très sollicités sur les questions liées aux troubles musculo-squelettiques ou aux risques psycho-sociaux. « La prise en compte de l’audition et de la vision fait partie des sujets que nous sommes amenés à traiter », confirme Willy Buchmann, ergonome et enseignant chercheur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam).
 
Le rôle des médecins du travail dans le dépistage
 
En matière de taux d’équipement, cette étude de l’Observatoire de la santé visuelle et auditive d’Optic 2000 confirme que si le port de corrections visuelles est relativement bien entré dans les mœurs, ce n’est pas encore le cas pour la correction auditive. Seuls 10% des actifs de plus de 50 ans affectés par un trouble auditif sont équipés d’une aide alors que, selon les médecins du travail, ils devraient en réalité être 20% à bénéficier d’un appareillage. Parmi les freins à l’équipement, les médecins évoquent d’abord le coût tandis que les actifs concernés mettent en avant une perte auditive « trop récente ou trop légère ».
 
Côté dépistage, alors que 88% des médecins du travail testent systématiquement la vision, seuls 34% d’entre eux font de même avec l’audition – un peu plus de 50% effectuant ce type de contrôle « de temps en temps ». Il faut dire que le dépistage auditif est plus complexe et que les professionnels prônent plutôt un dépistage ciblé. « Les dépistages à l’aveugle sont inopérants. Il est préférable de cibler le dépistage en fonction de l’exposition professionnelle, de l’âge ou d’antécédents particuliers », explique ainsi le Docteur Alain Cantineau, médecin du travail. « Il est également nécessaire de réaliser des audiogrammes plus complets, intégrant non seulement la perception des sons (audiogramme tonal) mais aussi la compréhension (audiogramme verbal) ».
 
On remarquera également que, toujours selon l’Observatoire d’Optic 2000, 26% des personnes ayant consulté pour leur santé auditive l’ont fait dans le cadre d’une visite médicale obligatoire. Un chiffre qui confirme que la médecine du travail est bien placée pour assurer la mission de dépistage et de sensibilisation qui s’impose.



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